BONES BAYUn roman social maori percutant.

Becky Manawatu
nous embarque dans les pas d’une lignée familiale fracassée par la vie et dresse un portrait âpre des Maoris de Nouvelle-Zélande.
Bones Bay, une histoire de fratrie, de famille, d’abandons, d’amour et de violence qui vous hante longtemps après avoir refermé le livre.


En Nouvelle-Zélande, deux frères doivent brutalement faire face à la mort de leurs parents. Ari, huit ans, est confié à la garde de sa tante et de son oncle dans un foyer où les coups assombrissent le quotidien.
Tauk, son grand frère, à l’aube de l’âge adulte, se sent coupable du drame qui a touché leurs parents et choisit de fuir, abandonnant son frère qui vit très mal ce départ. Ari trouve du réconfort auprès de sa jeune voisine, Beth, au caractère bien trempé, qui habite seule avec son père et, pour pallier ses angoisses, l’enfant se colle des pansements sur tout le corps.

Au fil des chapitres, l’autrice tisse habilement le fil de l’histoire dramatique de cette famille néo-zélandaise à travers les yeux des deux frères. En parallèle, nous remontons le temps et la lumière se fait sur le passé des parents des deux garçons. Un douloureux passé qui va venir les rattraper.

Déjà primé dans son pays, ce superbe roman nous arrive en France dans une traduction de qualité et par le biais d’une maison d’édition que je suis ravie de découvrir avec ce titre.

Un livre qui nous emmène à la rencontre de la communauté des Maoris, de leurs traditions et de leur culture. Une population gangrenée par la drogue et la violence liées aux gangs, principalement envers les femmes.

Une lecture poignante, cruelle mais dans laquelle toute once d’espoir n’a pas disparu. Les personnages sont attachants, notamment le jeune Ari, dont la voix est particulièrement réaliste.

En dépit de toute cette violence, de l’histoire terrible de cette famille déchirée, l’amour et la tendresse demeurent au travers d’une plume envoûtante et poétique.

Un récit coup de poing.

Cette année, les Comités de lecture des Mots à la Bouche ont sélectionné 35 livres qui valent le détour.
Si vous possédez des titres de cette liste, demandez-nous des stickers Mots à la bouche pour les identifier dans votre bibliothèque !

Retrouvez dans ce fichier la liste des pdfCoups de cœur 2022-2023. Certains de ces titres sont aussi disponibles en version numérique téléchargeable : retrouvez-les ici !

Et quelques romans présentés de vive voix :

 

 

 

 

 

LES NARCISSES BLANCSLa rencontre improbable de deux femmes meurtries sur les sentiers de Compostelle.

Pour son second roman, Les narcisses blancs, Sylvie Wojcik a choisi les chemins de Saint-Jacques pour retracer la rencontre entre Gaëlle, une jeune fille qui a décidé de prendre la route , et Jeanne, une vieille dame sur la fin de sa vie. Une lecture simple qui ne vous laissera pas insensible.

Gaëlle, une rebelle contre tout et tous, quitte son compagnon et part sur le sentier de Compostelle vers un ailleurs qu'elle espère meilleur. Dans un refuge, elle rencontre Jeanne, une femme mûre, fragile, douce et avenante et d’une grande volonté. Elles poursuivent leur chemin ensemble sur les hauts plateaux de l’Aubrac et font connaissance. Tout les sépare, l'âge, l'éducation ou le milieu social. Mais elles deviennent de plus en plus proches au milieu de cette nature propice au calme, à la sérénité, au partage, à la compréhension. Beaucoup de sensibilité et d’attention réciproques entre elles.

C’est un tout petit roman à la plume poétique empreint de tendresse, de générosité, de bienveillance et sans aucune sensiblerie. Tout est décrit avec finesse, sobriété et pudeur avec en toile de fond, une nature magnifique qui pousse à l'intériorité. . Et tout est tellement authentique.

ZEPHYR ALABAMA 1Envoûtant portrait d’un monde sublimé par le regard de l’enfance.

Encore un excellent choix de ré-édition de Monsieur Toussaint Louverture : Zéphyr, Alabama de Robert McCammon. Paru en 1993 sous le titre Le Mystère du lac chez Albin Michel, ce roman est le portrait d’une petite ville et de l’Amérique des années 60 à travers les yeux d’un enfant.

 

Ce magnifique pavé nous transporte en Alabama où l’on va suivre le quotidien de Cory, un enfant de onze ans, durant une année complète dans la ville de Zéphyr où tout le monde se connaît.

 Oscillant entre fantastique et réalité grâce à l’imagination fertile de ce jeune héros attachant, cette histoire aborde aussi des sujets plus sérieux tels que le racisme, la perte de l’innocence ou encore les conséquences de l’arrivée des supermarchés et nous offre un remarquable tableau de l’Amérique des années 1960. Une pépite.

LE GOUTER DU LION


Un roman solaire sur la fin de vie


Avec Le Goûter du lion, Ito Ogawa signe un roman lumineux tout en sensibilité et en délicatesse et nous offre une réflexion sur le sens de la vie et l’approche de la mort. On sort de cette lecture avec apaisement, malgré la gravité du thème.

 

Shizuku, après plusieurs années de combat contre un cancer, quitte son appartement pour vivre sa mort le plus sereinement possible dans une maison de soins palliatifs située sur une île et accessible uniquement en bateau. C’est un décor de rêve qui s’offre à elle, bien loin de l’univers hospitalier.

Elle est accueillie par une merveilleuse directrice, deux talentueuses cuisinières et une petite chienne joyeuse. Ici, elle renaît à la vie qu’elle savoure par petites touches, s’émerveille des odeurs, des couleurs, du vent et de la mer. Elle aime les goûters du dimanche, les desserts de l’enfance, les balades dans le parc. Mais il lui faut aussi affronter la douleur qui se rappelle à elle, à sa réalité.

C’est superbement écrit. On est dans la tonalité d’un conte. On aime la candeur et la fraîcheur qui traversent ce récit. C’est bouleversant, tout en douceur et en finesse. Pas de pathos, mais un appel à la liberté et à vivre chaque instant intensément.

Portrait d’une famille amérindienne du Canada.

LES FEMMES DU NORTH END

Avec Les femmes du North End, un quartier défavorisé de Winnipeg, l’autrice canadienne Katherena Vermette signe un roman choral poignant autour de quatre générations de femmes amérindiennes qui font bloc contre l'adversité et essaient de s'intégrer dans la société américaine, tout en conservant leurs traditions, alors que leurs hommes baissent les bras et retournent dans les réserves.

 

Alors que son bébé pleure, Stella est témoin depuis la fenêtre de la chambre d’une terrible agression dans le North End, un quartier pauvre de Winnipeg. Elle appelle la police mais à son retour, la victime a disparu.

Plusieurs générations de femmes autochtones sont au cœur de ce roman, toutes liées par la grand-mère, la Kookom, pilier de la famille. Des femmes fortes, des mères, des sœurs, des cousines, qui ne sont pas épargnées par la vie mais qui font face ensemble, soudées par l’amour qui les unit.

Au fil des dix voix, 9 femmes et 1 homme, qui se succèdent tout au long du roman, les pièces du puzzle s’imbriquent et on découvre peu à peu les circonstances du drame.

La trame narrative, très bien menée, est l’un des points forts de ce récit avec en amont un arbre généalogique qui s’avère utile en début de lecture. On est ensuite rapidement embarqué dans cette histoire dans laquelle on côtoie une communauté amérindienne gangrenée par de nombreux fléaux tels que la drogue, l’alcool, ou les gangs. Ici, les hommes préfèrent fuir et laisser les femmes panser leurs blessures seules.

L’autrice est originaire de cette région et cela se ressent au travers de sa plume. J’ai particulièrement aimé les différents points de vue qui enrichissent le récit et j’ai été bouleversée par le combat de ces femmes qui endurent d’atroces souffrances.

Un magnifique premier roman sur l’identité, la famille et la résilience. Une lecture sombre, dure et déchirante.

Nous échangerons autour de livres lus parus entre Juin 2022 et Mai 2023 (français et étrangers, thrillers, aventure, histoires d’amour impossible...), en privilégiant les premiers romans, ceux qui se cachent derrière les grosses pointures de la rentrée, les auteurs peu connus...


Nous vous proposerons une première sélection que nous enrichirons ensemble tout au long de l’année. Pour finir nous sélectionnerons les livres qui valent le détour, ceux qui ont une saveur particulière ou qui nous hantent une fois refermés. Nous partagerons ensuite nos découvertes avec les bibliothèques du département.

 

Participer aux mots à la bouche, c’est s’engager à

 Lire... et assister aux 5 rendez-vous (le 1er à la MDDS, les suivants dans vos bibliothèques) :

  • Jeudi 29 septembre 2022 à Niort
  • Jeudi 24 novembre 2022 à St-Maixent
  • Jeudi 19 janvier 2023 à St-Pompain
  • Jeudi 30 mars 2023 à St-Loup
  • Jeudi 08  juin 2023 à Thouars

 

Si vous avez envie de nous rejoindre, c’est à vous de jouer en vous inscrivant ici !

 

Et pour plus d’informations, n'hésitez pas à contacter mireille.dubourg@deux-sevres.Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Cette année, les Comités de lecture des Mots à la Bouche ont sélectionné 53 livres qui valent le détour.
Si vous possédez des titres de cette liste, demandez-nous des stickers MALB pour les identifier dans votre bibliothèque !

 

Retrouvez en vidéos et en avant-première les 9 romans les plus appréciés
et dans ce fichier pdfLa liste complète des coups de cœur 2021-2022(60 ko)

 


Et quelques romans présentés de vive voix : 

 

 

 

 

Disparition inquiétante dans les Pouilles.

ETE SANS RETOUR Dans L’été sans retour, l’auteur belge Giuseppe Santoliquido plonge dans ses racines italiennes et signe un roman envoûtant.
Par le biais d’une histoire de disparition d’enfant inspiré d’un fait divers, il montre tout son amour pour cette terre.

Une jeune adolescente disparaît dans un village du sud de l’Italie complètement isolé et hors du temps. Rapidement la télé va s’emparer de cette tragédie pour en faire un événement de téléréalité suivi par le pays tout entier. Un jeune homme, bafoué par le village à l’époque des faits, revient sur les lieux des années plus tard et s’autorise à raconter cet épisode douloureux qui a bouleversé sa vie et celle de toute une région…

Un très beau roman, à la construction originale, captivant et passionnant parce qu’on est plongé dans la vie de villageois traversés par l’angoisse et la révolte, si proches et pourtant dévorés par les jalousies et les haines, et où les monstres vont se dévoiler… Il pose question sur notre regard face à la télé qui va mettre en scène la douleur d’une famille et abuser, de façon odieuse, de son intimité : où met-on les limites de l’indécence, jusqu’où va notre besoin de révélations, …

L’écriture simple, très imagée, très sensuelle, offre une jolie peinture de ce coin d’Italie, illustre parfaitement l’ambiance lourde qui émane d’un village figé et restitue de belle manière cette terre, ses odeurs, ses lumières, sa chaleur, sa dureté.

Un voisin presque idéal...

La L AMIvie de Thierry s’effondre quand il apprend que son voisin et ami se révèle être un tueur en série...
Après l’étonnant Roissy, Tiffany Tavernier nous offre avec L’ami une lecture touchante et fascinante en nous plongeant dans les abîmes d’un homme qui tombe.

 Un matin, Thierry et sa femme voient la maison d’à côté encerclée par le GIGN : leurs voisins si charmants, avec lesquels ils entretenaient une amitié sincère, sont arrêtés car le mari est soupçonné de meurtre. Leurs vies vont en être bouleversées.

Tiffany Tavernier étudie l’impact d’une révélation abominable sur un couple soudainement confronté au mal. Comment un fait divers monstrueux fait violence dans la vie d’un couple, qu’est-ce que ça laisse à l’intérieur de chacun, comment reconstruire une vie quand tout s’écroule…? Comment n’ont-ils pu rien voir ?
L’auteure s’intéresse non pas à l’enquête, mais à tout ce que ça va révéler chez cet homme et de son couple: ses blessures, ses secrets, ses silences, ses certitudes, la muraille qu’il a dressée, tout ce qu’il n’a jamais voulu voir…

Beau portait d’un homme brisé, très fin, avec une écriture qui va à l’essentiel et des mots qui sonnent justes.