En suivant l'itinéraire chaotique et réjouissant de Mamie Luger, une grand-mère indigne, Benoit Philippon nous convie à une comédie désopilante et irrésistible, plus profonde qu'il n'y paraît.
Une centenaire, féministe et... serial killeuse, mais aussi cocasse, immorale et irrespectueuse. Berthe, 102 ans, accueille un matin des gendarmes à coups de luger pour couvrir un couple de fugitifs. Arrêtée, elle raconte sa vie, une vie faite d’assassinats plus ou moins justifiés et révèle ce que cache sa cave...
Voici là un polar burlesque mené tambour battant ! Le récit ne manque jamais de piquant, la plume est ciselée, les dialogues claquent et le personnage de Berthe est extrêmement sympathique. Et en cas d’addiction on peut lire aussiCabossé du même auteur.
Cette nuit de Joachim Schnerf dresse un portrait grinçant d’une famille juive s'apprêtant à fêter Pessah, la Pâque juive. Un récit très intimiste poétique et plein d’humour.
Pour la première fois, Salomon s'apprête à vivre ce moment fort de l'année sans son épouse, récemment décédée. En attendant sa famille et en se préparant mentalement à fêter Pessah, Salomon revisite ce moment à l'aune des Pessah passées et des habitudes prises par les uns et les autres. Ce vieil homme raconte des moments sa vie. Il a été déporté pendant la guerre et assène ses horribles "blagues concentrationnaires" tout au long du récit.
La vie avec sa femme, son grand amour. La vie avec sa famille bien particulière, voire excentrique, mais où chacun se retrouve forcément un peu. Chaque membre y est décrit avec humour et précision.
La lecture de ce livre fait osciller entre sourire et tristesse. Cet homme à la fin de sa vie a peur de continuer sans sa femme et se demande comment tout va continuer sans lui, sans eux. Ceux qui resteront vont-ils ré-inventer ce "modèle" familial si ancré ?
Le récit est parfois rosse mais aussi très tendre vis à vis des êtres qui l'entourent. De plus, suivre le déroulement de cette fête juive est une véritable découverte.
Les femmes de Heart Spring Moutain nous transporte dans un coin perdu du Vermont durement touché par l’ouragan Irene à travers le récit d'une jeune femme partie à la recherche de sa mère et de ses racines.
Un magnifique roman où Robin MacArthur sonde le lien puissant entre la terre et les êtres qui y vivent et met les femmes et la nature à l'honneur.
L’histoire débute avec une tempête tropicale en 2011 et la disparition de Bonnie. Vale, sa fille qui vit à la Nouvelle Orléans, est prévenue par sa tante que sa mère est portée disparue. Elle revient sur place pour essayer de la retrouver. Petit à petit, elle découvre la vie de sa famille et soulève des secrets de famille suite à la découverte d’une photo de femme indienne.
Un beau livre qui raconte une histoire familiale dans l'Amérique profonde, une histoire de femmes cabossées par la vie à travers plusieurs générations. L’auteure donne la parole à chacune d'elles par un chapitre court mais intense. Elle s’attache au droit des femmes, à la misère dans ce milieu rural dans le Vermont des années 50 à maintenant. Les hommes ont parfois droit au chapitre et leur histoire est aussi tragique. La nature joue aussi un rôle important, ainsi que le droit des populations indiennes, le droit à la terre, la beauté de la nature et de ce que nous en faisons.
Une belle plume. Une belle histoire attachante et intense. A lire absolument !
Au coeur du sentiment d'exil. Les exilés meurent aussi d'amour plonge dans l'histoire mouvementée d'une famille iranienne exilée en France. Abnousse Shalmani, est Shirin, la narratrice, une petite fille qui regarde les évènements sous le couvert d'un canapé, avant de trouver, en grandissant, une nouvelle liberté dans le sexe et la littérature .
Fuyant la révolution islamique en Iran, Shirin a neuf ans quand elle s’installe avec ses parents dans un appartement parisien où s'entasse déjà sa famille maternelle, La Petite fille découvre la réalité cachée derrière l'idéal du communisme pur et dur qui aveugle ses proches. Partagée entre l'admiration et le mépris, elle observe avec acuité le comportement fantasque des femmes de sa famille écartelées entre deux cultures dans un pays où le statut de la femme est libéré.
A côté de cette tribu toxique, soumise au poids du patriarcat tout en organisant des fêtes orgiaques, on croise quelques personnages positifs : une voisine juive, survivante de l’Holocauste, qui protègera Shirin des turbulences de sa famille, Omid, un universitaire iranien réfugié, son amour d’enfance, perdu, puis retrouvé.
Ce roman d'apprentissage, traduit le choc des deux cultures, avec humour et un sens inné de la magie des mots. L'histoire familiale est traversée comme dans un conte des Mille et une Nuit, par l'histoire imaginaire du cheikh soufi Othman Kheiri, en pur contraste avec le récit déstabilisant du réel. L'écrivain-e qui ne cherche jamais à séduire, nous touche directement au coeur et nous saisit par la profondeur de son écriture lyrique et passionnée.
Quel est ce bruit dans la nuit ? Dans les 2 volumes du Meurtre du Commandeur, Une idée apparaît et La métahpore se déplace,Haruki Murakami évoque un jeune peintre dont la vie est bouleversée le jour où son épouse lui annonce qu'elle ne l'aime plus.
Face à ce séisme, il prend la route pendant quelques mois avant de s'installer dans une maison isolée dans la montagne, celle d'un célèbre peintre japonais. Là, notre narrateur mène une vie simple et solitaire en compagnie de la musique. Il cherche un nouveau souffle à son existence et à son œuvre. Il rencontre un riche homme d'affaires et une jeune adolescente qui joueront un rôle important et influeront sur son avenir.
Voici un roman qui parle de sentiments et de création. Un récit d'une grande simplicité, très épuré mais aussi d'une grande richesse. Il nous fait réfléchir sur le processus de création, sur la place de l'art, sur la peinture et la musique, mais aussi sur la douleur, la perte et la reconstruction. Cependant, le discours reste très accessible et empreint d'une grande humanité. Et, comme toujours avec Muarakami, le récit glisse progressivement vers l'onirique.
Un roman envoûtant ! On se laisse emporter, du grand Murakami !
Premier roman d'Augustina Bazterrica, Cadavre Exquis retrace l'histoire d'un homme en proie aux doutes sur le nouveau mode de vie de la société dans laquelle il vit.
En raison d'un virus, les animaux sont décimés. Face à la pénurie de viande, une nouvelle race consommable est créée à partir de génomes humains... Tout contact avec "le bétail" est proscrit sous peine de mort. Or, le héros ressent un trouble pour une femelle et finit par la traiter comme un être humain...
Dès le début, l'auteure nous projette dans le contexte atroce de cette histoire. Elle nous accroche grâce à un suspense insoutenable, tout en bouleversant notre conception des relations humaines et animales. Ce livre est dur mais pousse à réfléchir sur l'évolution de notre société et critique la société de consommation où dominent les profits financiers. Le récit nous tient en haleine avec l'histoire de son personnage principal, différent des autres. Un espoir d'humanité s’immisce tout au long de l'histoire, espoir qui nous porte jusqu'à la fin où ...
Avis de Brigitte, Secondigny : Cauchemardesque ! Glaçant ! Á savourer absolument à jeun ! Une dystopie de notre société de consommation très dérangeante car elle nous interroge sur notre bestialité latente et notre capacité à justifier nos actes quand celle-ci craquelle ses digues. Un roman en apnée avec une fin qui coupe toute respiration.
Aileen, trentenaire, est une journaliste éprise de liberté qui brise les chaînes de la morale. Un brin sauvage et humaniste, elle arrive du Nouveau Monde pour couvrir l'Exposition Universelle de Paris. En cette première année du vingtième siècle, cette insoumise nous balade entre grands chantiers de la capitale, ville lumière, un Paris égout, un Paris qui pousse et le noir dessein de l'industrialisation. Avec elle, nous découvrons le label des inventions, le progrès comme une conquête et la grande ébauche sombre de notre humanité... Entourée d’une foule de personnages surprenants, elle entre en cavalière dans le Tout-Paris et nous emmène dans un tour du monde dans la capitale.
25 ans de Lettres d'amour dans la Russie révolutionnaire. Nora, décoratrice de théâtre, femme moderne qui élève seule son fils, découvre à la mort de sa grand-mère, les lettres qu’elle et son grand-père Jacob ont échangées pendant plus de vingt-cinq ans. L'Echelle de Jacob de Ludmila Oulitskaia est une saga familiale sur cinq générations, qui couvre tout le XXème siècle, dans une Russie en proie aux soubresauts de l'Histoire.
Sur l'échelle de Jacob on ira d'un Jacob né en 1890 à un autre Jacob né en 2011, et la boucle familiale sera bouclée… La genèse de ce livre est particulièrement touchante, puisqu'il est basé sur des lettres et documents laissés par les grands-parents de l'auteur. En effet, cette saga de grande ampleur est inspirée par la vie de la famille de l'écrivain : des juifs intellectuels et artistes pour la plupart, des hommes et des femmes qui ont été des acteurs et des témoins privilégiés de leur époque.
Dans ce roman à mi-chemin entre la fiction et l'autobiographie, les figures féminines sont particulièrement originales et fortes : alors que les hommes meurent, partent, disparaissent, les femmes restent et s'adaptent.
Un magnifique roman sur la transmission, où l'intime se mêle à la Grande Histoire
Angélique Villeneuve aborde dans Maria un sujet grave et épineux traité avec beaucoup de finesse, d’empathie, et signe un beau portrait de femme…tout simplement lumineux !
Maria est une jeune mamie fan de son petit-fils Marcus âgé de trois ans qui la comble de bonheur, allant jusqu'à sacrifier son travail au salon de coiffure et sa vie de couple. Pourtant la relation est compliquée avec sa fille et son gendre qui souhaitent appliquer des principes novateurs en matière d'éducation et de modèle familial. Ils ont décidé que sur la question du genre, c’était aux enfants de faire leur choix. Ils laissent donc Marcus s'habiller avec une robe, se vernir les ongles,.. et refusent de dévoiler le sexe du nouveau bébé qui pointe son nez. Même Maria est tenue à l'écart.
Ce court roman est une perle. Si la question du genre est au cœur de ce texte, nous sommes amenés à réfléchir aussi sur les notions de stéréotypes - garçon/fille -, les liens familiaux, les difficultés de communication - mère/fille - , les nouveaux chemins de la parentalité…. Et puis à nouveaux parents, nouvelle grand-mère. Cette mamie est d’une étonnante modernité et extrêmement touchante. On est sous le charme de cette femme qui fait confiance à son intuition et n’hésite pas à prendre des décisions hors du commun au titre de l’AMOUR !
L'écriture singulière, intimiste, nous happe dès les premières phrases et nous met en contact direct avec les sentiments de Maria. L'auteur confronte deux univers et deux générations avec délicatesse et sans aucun jugement. Angélique Villeneuve a reçu le grand prix SGDL 2018 de la fiction et nous en sommes ravis !
Dans un premier roman totalement dépaysant, La Somme de nos folies,Shih-Li Kow relate les péripéties truculentes d'une petite bourgade malaisienne. Assurez vous que vous êtes libre de votre temps pour ce merveilleux voyage.
Direction Lubok Sayong, une petite ville au nord de Kuala Lumpur. La singularité de ce paysage, une cuvette entre rivière et lacs soumise à de fréquentes inondations. Très vite, la petite orpheline Mary Anne nous entraîne dans un monde plein de réel et de magie.
Ce récit très drôle ne cesse de nous faire sourire, tellement les personnages sont pittoresques et pleins de bienveillance. L'écriture subtile, légère, malicieuse, rend la réalité bien cocasse.
Saluons l'originalité de ce premier roman, une Auteure à suivre.
Une révolution manquée ou les rêves bafoués du peuple égyptien.
En suivant le destin de plusieurs personnages épris de justice et de liberté dans une société corrompue et soumise à une dictature impitoyable, Alaa El Aswany évoque la révolution avortée de 2011. Interdit de publication en Égypte, J’ai couru vers le Nil, est un roman choral dur, beau et nécessaire.
Le Caire, 2011, sur la place Tahrir, des jeunes se révoltent contre la corruption, l’injustice et l’autorité arbitraire qui règnent en Égypte. El Aswany retrace ces quelques jours qui ébranlèrent son pays à travers plusieurs personnages, hauts en couleur, de convictions et de conditions sociales différentes, qui vont être mêlés aux événements et dont les destins vont se croiser. Sous nos yeux, ils s’aiment, se battent courageusement, rêvent à un avenir nouveau. Puis c’est le temps de la terrible répression, de l'échec, avec le retour au pouvoir des militaires grâce à l’aide des Frères musulmans, des désillusions et du discrédit par les médias qui ont manipulé et trompé l’opinion publique à coup de désinformation.
El Aswany dresse un portrait sans concession de cette révolution et de la société. C'est une véritable plongée où il ne nous épargne rien. Les témoignages des victimes sont éprouvants mais heureusement entrecoupés de scènes d'amour touchantes. Il nous fais sentir l'oppression, l'hypocrisie, l'obscurantisme, les dérives d'une religion sans morale, la corruption immuable...
Contrairement au ton nostalgique et humoristique de L'immeuble Yacoubian, le ton est plus sarcastique et plein de rage. El Aswany est un grand raconteur d'histoire qui possède une grande puissance d'évocation. Son roman qui a reçu le Prix Transfuge du meilleur roman arabe 2018, est plein de vie, émouvant, et nous quittons avec tristesse ses personnages. Ils continuent à nous hanter, une fois le livre refermé.