Mississippi burning.

Le décès d'une ancienne infirmière noire fait remonter à la surface les crimes du passé.
Brasier noir, premier tome d’une trilogie mêlant Histoire du Sud profond sous l’emprise du Klu Klux Klan et roman noir pur jus, est une plongée fascinante dans l’Amérique des conflits raciaux des années 1960 au début des années 2000. Greg Iles signe un roman-fleuve qui se lit d’une traite.

Ex-procureur devenu maire de Natchez dans le Mississippi, Penn Cage tente tout pour innocenter son père, médecin accusé du meurtre de son ancienne infirmière, Viola Turner, une femme noire avec laquelle il a vécu une passion dévorante. Écartelé entre la recherche de la vérité et la volonté de lui éviter la prison, il plonge dans le passé de son père qui a soigné pendant 40 ans les plus indigents au sein d’une petite communauté où régnaient, et règnent encore, le Klu Klux Klan et la mafia. Le doute s’insinue : et si cet homme admiré n’était pas celui qu’il a toujours prétendu être ?

Greg Iles tisse son récit de va-et vient entre les années 60 et aujourd’hui, deux périodes qui se font écho, avec des décors et une galerie de personnages bien plantés, une intrigue aux multiples ramifications et rebondissements et un suspense garanti jusqu’au final. Bien plus qu’une simple enquête policière, le récit nous immerge dans le contexte glaçant des années 60, dans un brasier de racisme, de haine et de violence.

Chronique d'une mort annoncée.

Avec Patria, Fernando Aramburu nous plonge dans l'intimité de deux familles Basques déchirées par les drames causés par L'ETA.

En 2011, le jour du cessez le feu de l'ETA, la veuve Bittori, décide de rentrer au village, ravivant des plaies encore à vif entre deux familles. Nous sommes 2011 et l' ETA vient de décréter l'arrêt de la lutte armée. Bittorri et Mirren ont grandi ensemble, se sont mariées mais cette belle amitié a volé en éclats le jour où le mari de Bittori, el Txato, un entrepreneur de camions, a trouvé la mort. Pour avoir tardé à acquitter « l’impôt révolutionnaire », il a été victime d'un attentat dans lequel Joxe Mari, le fils de Mirren, a pris part. Désormais Bittori n'a de cesse de chercher des explications sur sa participation au meurtre et une demande de pardon.

Mêlant les époques, les voix des familles et de leurs proches, l'auteur analyse dans ce roman chorale, la responsabilité individuelle, la dette morale, et les mécanismes de l'endoctrinement politique. Il raconte également la difficulté à vivre des enfants de ces etxekoandreak, ces femmes au foyer au fort caractère, s’attachant plus particulièrement à certains d'entre eux. Ce roman captivant du début à la fin, offre une belle réflexion sur la possibilité ou non d'un pardon.

Les fantômes de la dictature chilienne.

Dans Partiellement nuageux, Antoine Choplin, l'auteur du magnifique La nuit tombée, imagine la rencontre entre deux personnages brisés par les années funestes de la dictature de Pinochet. C'est beau, touchant, mélancolique, plein de délicatesse et de sensibilité.

Ernesto, vit seul avec Le Crabe, son chat, au Chili, au cœur du territoire Mapuche. Il est astronome, et de son petit observatoire, il étudie les nuages de Magellan. Il se rend à Santiago car son télescope, qu'il a surnommé Walter, a besoin d'une nouvelle pièce. Comme d’habitude, il profite de son passage dans la capitale pour aller au musée de la Mémoire et s’arrêter devant le mur des disparus où figure la photo de Paulina, sa fiancée, fusillée pendant la dictature. Et là, il rencontre Ema. Ces deux écorchés, gauches et timides, vont s'apprivoiser lentement, en douceur, au cours de longues promenades...

Avec beaucoup de pudeur, de poésie et son habituelle écriture épurée, concise, sans un mot de trop, Antoine Choplin nous touche au cœur en racontant la rencontre de deux êtres blessés rattrapés par leurs fantômes, leurs silences, leurs douleurs tues, et leurs sentiments naissants. Il ne fait qu'effleurer ces douloureux souvenirs et pourtant on sent qu'il pèsent sur leurs cœurs, comme sur celui du lecteur...

Une histoire douce-amère où les heures sombres du Chili rejaillissent sur les vies de deux personnes mais avec l’espoir d’un avenir apaisé, et qui interroge sur la possibilité de se reconstruire après les ravages d'une dictature.

Une nouvelle enquête des quêteurs à Madrid.

On retrouve dans L'oasis éternelle le héros de La table du roi Salomon, premier tome de la trilogie de Luis Montero Manglano consacrée au Corps Royal des Quêteurs.

Un deuxième volet tout aussi prenant que le premier !

Ces quêteurs forment une armée secrète chargée de récupérer des œuvres d'art du patrimoine espagnol volées par d'autres pays. Cette fois, l'aventure nous entraîne de Séville jusqu'au Mali, à la poursuite d'un manuscrit très ancien.

Ce thriller ésotérique mêle érudition, aventure et imagination. L'auteur, professeur madrilène d'histoire de l'art, nous procure un plaisir enfantin, comme à la lecture d'Harry Potter ou des films d'Indiana Jones, et nous en apprend beaucoup, comme à la lecture d'ouvrages anthropologiques sur les ethnies et les mythes du Mali. Vivement le troisième tome, El lamento de Cain, encore inédit en France !

Road movie à travers l’Alaska, le Canada et les États-Unis.

Après Denali, magnifique roman initiatique, Patrice Gain, auteur nantais, nous propose avec Terres fauves un beau voyage dans cette terre inhospitalière et perdue au bout du monde, l'Alaska, dans un style très nature writing.

David McCae est un écrivain chargé par son éditeur d’aller rencontrer l’alpiniste Dick Carlson pour terminer les mémoires du gouverneur Kearny qui doit se représenter aux élections, Dick Carlson étant un ami de Kearny.

Abandonné en pleine nature, notre héros, récemment abandonné par sa femme, réduit à faire le nègre et résolument citadin, va devoir affronter cette nature et cet homme éminemment détestables et braver le froid, la faim, la solitude et les ours...
L’histoire à l'écriture immersive, est haletante, âpre, violente, oppressante et noire. Si la nature est belle, elle est aussi cruelle que les personnes qui y vivent.Un très beau roman, à la limite du thriller.

Embarquez pour un magnifique voyage.

Avec Les Voyages de sable, Jean-Paul Delfino nous invite à suivre, à travers trois siècles, l’incroyable vie de son héros immortel. Ses mille et une histoires s’enchaînent comme dans un conte merveilleux.

Vous êtes assis dans un vieux rade parisien en compagnie du propriétaire, Virgile le désabusé, et de Monsieur Jaume, né à Marseille, qui lui avoue être immortel depuis le 18ème siècle. Dans ce face à face, ce presque huis clos, dans ce bistrot comme dans un bateau, s'ouvrent les portes d'une incroyable aventure de trois siècles, cent vies, cent résurrections.

Des voyages, Terre d'Afrique et d'autres encore... Des hommes de tous les métiers, de toutes les horreurs, de toutes les extravagances. Un grand amour... Ce vieux café en rade devient un vaisseau intemporel, un conte magnifique, un rêve qui vous fait asseoir dans un coin de ce bistrot, "vivre-livre".

Un dîner pas comme les autres…


Imaginez un repas familial ordinaire où le personnage principal s’ennuie ferme sous la plume acerbe de Fabrice Caro, alias Fabcaro, auteur de BD, notamment de Zaï zaï zaï zaï....

Le discours, une satire sociale où cynisme et humour absurde riment avec tendresse.

Le narrateur mange chez ses parents, en compagnie de sa sœur et de son beau-frère. On y est, on a l’odeur du gigot, les discussions d’un repas dominical et l’introspection d’Adrien, un quarantenaire cynique, mais ultra sensible !

Tous les sujets y passent : enfance, amour, mariage (et le fameux discours...), travail, culture, météo, le temps qui passe quoi ! Et c’est drôle, terriblement drôle. Avec des scènes du quotidien et des réflexions plus générales sur l’existence, l’auteur arrive à nous embarquer dans son univers…

Implacable !

À la recherche d’un timbre rare.

Mêlant deux histoires, l'une dans les années 90 avec Kate, et l'autre en 39 avec Elena, Jillina Cantor nous entraîne dans les pas des résistants de la seconde guerre mondiale, et dans le petit monde des graveurs et collectionneurs de timbres. La Vie secrète d’Elena Faber est un roman qui se lit rapidement et avec un réel plaisir.

Kristoff, orphelin apprenti imprimeur chez les Faber où il a trouvé une vraie famille, tombe amoureux d'Elena, l’aînée. Mais nous sommes en Autriche en novembre 1938 et la famille, juive, éclate au moment de l’Anschluss.

En 1989, Kate Nelson, déstabilisée par son divorce, se rapproche de son père qui perd peu à peu la mémoire. Elle découvre dans la maison familiale une riche collection de timbres appartenant à son père et une mystérieuse lettre scellée adressée à Fraülein Faber. Troublée, Katie décide de mener l'enquête.

De la nuit de cristal à la chute du mur de Berlin, deux époques différentes se mêlent dans ce récit passionnant qui nous tient en haleine. Et les personnages sont tous attachants.Ce premier roman, inspiré de faits réels, plein d’amour, d’émotion mais aussi d’espoir, se dévore d'une traite.

Gravesend Forever.

William Boyle puise dans les histoires que lui contait son grand-père pour nourrir son troisième roman Le témoin solitaire. Il situe à nouveau son intrigue à Gravesend, son quartier d'enfance.

Après une longue dépression, Amy ancienne party girl d'un club de Manhattan a changé radicalement de vie.
Elle est retournée à Gravesend, son ancien quartier où elle fréquente assidûment l'église. Elle rend visite aux petites vieilles du coin auxquelles elle apporte la communion­. L'une d'elles, terrorisée par un inconnu, lui fait part de ses craintes. Amy décide de le prendre en filature et assiste impuissante à son meurtre. Dans un geste irréfléchi, elle ramasse l'arme du crime. Impliquée malgré elle, elle devient un devient un témoin solitaire et gênant. Sa vie sage et rangée vole en éclat.

Nous retrouvons pour notre plus grand plaisir le quartier de William Boyle, Gravesend, situé au sud de Brooklyn, et des personnages de son premier roman. Alexandra Biagini, sa petite amie partie tenter sa chance comme actrice à Hollywood et d'autres personnages dépeints avec tendresse. Plus peinture sociale que polar, ce roman qui n'a peut-être pas la qualité du premier, balade son lecteur de rue en rue et rend hommage au charme suranné de ce quartier de  Brooklyn.

Un thriller psychanalytique diabolique.

Dans son silence, premier roman et coup de maître d'un jeune scénariste britannique, Alex Michaelides. Ce thriller sur fond de psychanalyse, d'art, d'amour et de folie vous happe dès les premières pages.

«Alicia Berenson avait 33 ans quand elle a tué son mari».

Dans son silence met en scène Alicia, une jeune femme peintre pleine d'avenir, couverte du sang de son mari, photographe non moins talentueux, assassiné, défiguré par un couteau et ligoté, au milieu du salon de leur très belle maison. Hagarde, mutique, Alicia s'enfonce dans une apathie qui la mènera tout droit dans une clinique psychiatrique.
Le récit se déroule à deux niveaux, la thérapie habile du psychiatre Théo Farber et, en parallèle, les révélations troublantes du journal intime d'Alicia. Vous serez captivé par ce premier roman remarquablement mis en scène, jusqu'au final, devant lequel vous resterez abasourdi !

Embarquez pour San Perdido de David Zukerman et allez goûter la légende de Yerbo Kwinton !

Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panama aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n’a pour seul talent apparent qu’une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende.

Ce premier roman est pittoresque, vif, coloré, avec de belles créatures qui roulent des hanches, des politiques corrompus comme il se doit et un soupçon de réaliste fantastique. Que du bonheur !

Une vieille dame indigne.

Céline, personnage éponyme du roman de Peter Heller, spécialiste de la recherche de personnes disparues, répond à la demande d'une jeune femme qui met en doute la mort de son père.

Une enquête qui va nous dévoiler une enquêtrice.

Il faut dire que Céline n'a rien du détective privé ordinaire, cette femme à la santé fragile a plus de 60 ans, elle travaille en choisissant ses clients et c'est aussi une artiste.

Accompagnée de son mari, un taiseux, et cela tombe bien car elle, elle est très bavarde, Céline décide d'enquêter sur la mort du père de Gabriela disparu dans le parc de Yellowstone quelques 20 ans plus tôt.
Tout au long du récit, deux histoires vont se mêler : celle de Gabriella et de sa famille et surtout celle de Céline et des siens. Les deux femmes ont été tour à tour choyées puis malmenées par la vie mais aujourd'hui elles ont trouvé un équilibre, Gabriela avec son fils et Céline auprès de Pete, un second époux très aimant. C'est d'ailleurs ce couple et leur relation empreinte d'amour, de tendresse et de complicité qui nous touche et nous fait aimer cette balade de New-York au cœur du parc de Yellostowne.

Un récit drôle, tendre et émouvant. Un roman très américain qui fait la part belle aux grands espaces mais n'oublie pas les sentiments. Un seul regret, la place importante donnée aux armes à feu et l'amour que leur porte Céline.