Portrait d’une famille amérindienne du Canada.
Avec Les femmes du North End, un quartier défavorisé de Winnipeg, l’autrice canadienne Katherena Vermette signe un roman choral poignant autour de quatre générations de femmes amérindiennes qui font bloc contre l'adversité et essaient de s'intégrer dans la société américaine, tout en conservant leurs traditions, alors que leurs hommes baissent les bras et retournent dans les réserves.
Alors que son bébé pleure, Stella est témoin depuis la fenêtre de la chambre d’une terrible agression dans le North End, un quartier pauvre de Winnipeg. Elle appelle la police mais à son retour, la victime a disparu.
Plusieurs générations de femmes autochtones sont au cœur de ce roman, toutes liées par la grand-mère, la Kookom, pilier de la famille. Des femmes fortes, des mères, des sœurs, des cousines, qui ne sont pas épargnées par la vie mais qui font face ensemble, soudées par l’amour qui les unit.
Au fil des dix voix, 9 femmes et 1 homme, qui se succèdent tout au long du roman, les pièces du puzzle s’imbriquent et on découvre peu à peu les circonstances du drame.
La trame narrative, très bien menée, est l’un des points forts de ce récit avec en amont un arbre généalogique qui s’avère utile en début de lecture. On est ensuite rapidement embarqué dans cette histoire dans laquelle on côtoie une communauté amérindienne gangrenée par de nombreux fléaux tels que la drogue, l’alcool, ou les gangs. Ici, les hommes préfèrent fuir et laisser les femmes panser leurs blessures seules.
L’autrice est originaire de cette région et cela se ressent au travers de sa plume. J’ai particulièrement aimé les différents points de vue qui enrichissent le récit et j’ai été bouleversée par le combat de ces femmes qui endurent d’atroces souffrances.
Un magnifique premier roman sur l’identité, la famille et la résilience. Une lecture sombre, dure et déchirante.