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- Écrit par Elisabeth, mdds
Décembre 1985 à New Ross, Irlande.
Décembre 1985 à New Ross, Irlande.
Difficile de s’y retrouver cette année : pas moins de 524 romans constituent cette rentrée !
Dans le cadre des "Mots à la bouche", la MDDS a reçu Joachim Floren, de la librairie Le Matoulu (Melle) pour une présentation de ses préférés.
Et si vous avaliez du verre brisé ?". Comment cet étrange graffiti est-il apparu sur l'immense paroi transparente de la réception de l'hôtel Caiette, havre de grand luxe perdu au nord de l'île de Vancouver ? Et pourquoi précisément le soir où on attend le propriétaire du lieu, le milliardaire américain Jonathan Alkaitis ?
Ce soir-là, une jeune femme prénommée Vincent officie au bar ; le milliardaire, lui fait une proposition qui va bouleverser sa vie. Dans ce havre de luxe, fortement inspiré par l’affaire Madoff, des gens se croisent, des destins se font et se défont. Comme un papillon au Brésil peut causer une tempête au Texas, un verre au bar de l'hôtel Caiette peut ruiner une existence...
L'une des prouesses de L'Hôtel de Verre d'Emilie St John Mendel , roman brillamment construit, est de tenir sur un compte à rebours « commençons par la fin ». La chute est connue d'avance et certains événements sont annoncés sans qu'on soit en mesure de saisir leur portée mais au fil de la lecture, l'intrigue se met en place par petites touches.
J’avais déjà beaucoup aimé « Station Eleven » du même auteur et là je suis à nouveau conquise !
Palerme, ville d'ombre et de lumière.
Borgo Vecchio de l'écrivain italien Giosuè Calaciura, est l'histoire à la fois tendre et violente, d'un quartier populaire de Palerme, à la fin du XXè.
Giosuè Calaciura nous plonge dans l’ambiance d’un vieux quartier situé près de la zone portuaire, Borgo Vecchio. Quartier pauvre certes, mais riche de ses habitants : Mimmo et Cristofaro, Toto le mafieux, Carmela la prostituée... On y côtoie commençants, voleurs, curé, enfants...
L'amitié, l'amour, la haine... en font une histoire plus vraie que nature, grâce à une écriture simple, mais poétique. ma che bella !
Roman social, roman d'aventure, roman d'amour.
Le scénariste et écrivain Didier Le Pêcheur nous plonge dans le Paris de 1892 alors frappé par une série d’attentats anarchistes. La police est sur les dents et recherche partout un dénommé Ravachol.
Un bref désir d’éternité, quand la petite histoire se mêle à la grande Histoire...
.En favorisant l’arrestation du terrible Ravachol, Jules, garçon de café, se retrouve érigé par la presse en véritable héros, mais aussi une cible à abattre pour les anarchistes. Pour s’en sortir, il s’engage dans la police. Zélie, prostituée, rêve de sortir de sa condition de fille d’ouvriers. Leurs destins vont se croiser.
Même si le titre et la couverture laisse supposer que nous avons là un roman d’amour, ce récit est à la fois historique, policier, social et d'aventure, avec en toile de fond, la misère, les attentats anarchistes, les mouvances et les mutations de la police, les politiciens, le proxénétisme des bas-fonds et mondains, les premières bandes organisées...
Une belle palette de personnages intéressantes, un beau livre avec des mots et des noms oubliés
Du génocide arménien à la guerre en Syrie.
L’écrivaine libanaise Joumana Haddad signe Livre des Reines, une magnifique saga familiale retraçant le destin tragique de quatre femmes, sur quatre générations différentes, prises dans le tourmente des conflits qui ravagent depuis trop longtemps le Moyen-Orient.
Le récit commence au moment du génocide arménien en 1915 et se termine aujourd’hui avec la guerre en Syrie. On suit le destin de ces quatre femmes entre l’Arménie, la Turquie, La Syrie et le Liban, tout au long du vingtième siècle. Elles représentent les quatre reines du jeu de cartes, chacune avec ses caractéristiques, ses atouts et ses faiblesses. Elles ont toutes en commun, outre qu’elles appartiennent à la même famille et sont toutes les quatre rousses, les guerres qui déchirent le Proche-Orient depuis 100 ans.
C’est une ’histoire de femmes fortes qui survivent aux guerres, à leurs maris, aux deuils, aux désillusions, racontée avec beaucoup d’intensité mais sans mélodrame. C’est un livre sur la résilience des femmes, sur leur capacité à endurer qui ne se lâche plus une fois qu’on l’a commencé. Énorme coup de cœur.
La première enquête du lieutenant Reiko de la police métropolitaine de Tokyo.
Avec Rouge est la nuit, Tetsuya Honda signe le premier opus des aventures de la fougueuse et intuitive Reiko Himekawa et de son équipe masculine.
Un roman policier original et détonant à la rencontre d'une nouvelle héroïne atypique nous plongeant dans le Japon d’aujourd’hui.
Bien que prolifique avec une quinzaine de livres, c’est le premier titre de l’auteur qui est ici traduit par Dominique et Frank Sylvain, écrivains français passionnés par la culture japonaise à la tête de cette nouvelle maison d'éditions, l'Atelier Akatombo.
Tetsuya Honda nous embarque dans les rues sombres de Tokyo et dans des bars de nuit désaffectés. Le décor parfait pour une scène de crime ! Des cadavres sont retrouvés lacérés et éventrés. On comprend tout de suite que le roman va être noir voire très noir, sanglant mais addictif et bon. Puis passée cette description macabre, un peu d’érotisme pour nous détendre ! L’enquête est menée par la ravissante lieutenante Reiko Himekawa, femme déterminée au passé sensible. Face à elle un autre lieutenant plutôt misogyne. Leurs relations sont compliquées et Reiko doit composer entre ce milieu machiste et sa famille qui lui reproche beaucoup de choses.
À travers ce roman nous découvrons la place de la femme dans le monde de la police et comment la police japonaise règle ses affaires entre flics pourris, compétitions entre équipes...
Une série prometteuse à lire dans les meilleurs délais !
Passé refoulé.
L’écrivaine allemande, Juli Zeh, nous emmène sur l’île de Lanzarote, où un jeune père de famille en vacances avec femme et enfants, revient sur un événement traumatique survenu dans son enfance.
Nouvel An est une plongée vertigineuse dans les traumatismes enfouis.
Henning fuit l’Allemagne avec sa famille pour les Canaries afin d’y passer les fêtes de fin d'année. Il affectionne particulièrement le le vélo et veut profiter de ces quelques jours pour s'adonner à son loisir. Sa relation avec sa femme est distante et celle qu'il a avec sa sœur est bien trop fusionnelle. Il souffre de crises de panique dont il ignore la cause, semble désenchanté, insatisfait et, de prime abord, il n'est pas plaisant. Pour se soulager, il enfourche son vélo et grimpe jusqu’en haut d’un sommet où il arrive, épuisé, à une maison. Et là, les souvenirs affluent : à six ans, il est contraint de prendre en charge sa jeune sœur de deux ans. Il essaie de reproduire les gestes maternels pour l’accompagner et tente de répondre comme il peut à leurs différents besoins.
C’est son inconscient qui lui a intimé de venir passer ses vacances sur cette île et de monter jusqu’à cette maison, pour qu’il se souvienne enfin et puisse aller de l’avant. Ce récit dramatique évoque comment les enfants doivent composer avec l'inconsistance des adultes qui les entourent et à quoi ils s'accrochent. Un roman plein de sensibilité sur les dommages collatéraux d'une histoire de "grandes personnes".
Réparer les vivants.
Une famille séparée par le génocide rwandais essaie de renouer les liens et d'oublier les fantômes qui la hantent.
Tous les enfants dispersés, un magnifique premier roman émouvant à plusieurs voix de Beata Umubyeyi Mairesse.
Blanche revient au Rwanda auprès de sa mère, Immaculata, et de son frère, Bosco, après avoir fui le pays au moment du génocide de 1994. Mariée à un Antillais, elle est à présent maman d'un petit garçon, Stokely.
Ce retour à Butare et sur son histoire personnelle, entremêle de nombreuses thématiques, la transmission, la guerre, les génocides, l'exil et interroge le lecteur sur le métissage, la culture, l'identité, l'histoire...
Cette histoire n'est pas sans rappeler Petit Pays de Gael Faye.
Alep en guerre, la fuite des survivants, un sujet insoutenable, qui inonde l’actualité et dont on se détourne.
Christy Lefteri brosse dans L’Apiculteur d’Alep, un tableau pudique et bouleversant de l’exil, loin des statistiques et des analyses politiques. Elle s’inspire des survivants qu’elle a rencontrés dans des camps de réfugiés .
Nuri vivait à Alep avec son épouse Afra, son fils et ses abeilles. Et le bonheur explose avec les djihadistes. Le couple perd son garçon dans un attentat, tout est dévasté par les bombardements, Afra devient aveugle. Ils abandonnent tout, quittent leur pays pour l’Angleterre et on les suit sur ce chemin périlleux. On s’attache à ces personnages fragiles, en pleine tourmente, et à ceux qu’ils côtoient.
Un livre fort, bouleversant, servi par une écriture précise et sans fioriture. Beaucoup de sensibilité, d’émotion, mais sans pathos, se dégage de ce roman. C’est aussi un texte sur la renaissance puisqu’il faut apprendre à se reconstruire sur une terre d’accueil.
Un roman magnifique et tellement juste.
Six voix pour un crime.
Laila Lalami plante le décor de son quatrième roman, Les autres américains, dans une petite ville de Californie où le propriétaire d'un diner a été renversé par un chauffard. Six narrateurs prennent la parole afin de raconter ce qu'il s'est passé.
Un soir de printemps, Driss Guerraoui, propriétaire du diner d’une petit ville de Californie est renversé par un automobiliste. Le chauffeur prend la fuite. Accident ? Crime raciste ? De nombreuses hypothèses voient le jour portées par six narrateurs qui prennent la parole au fil des chapitres, éclairant au passage la personnalité de Driss.
Fuyant les émeutes de Casablanca ce philosophe de formation avait mis sa carrière en retrait pour s’installer avec sa famille et monter sa petite entreprise. Projetant sa réussite sociale sur ses filles, il entretenait avec Nora une relation privilégiée. Cette denière, de retour chez ses parents pour soutenir sa famille va se retrouver impliquée dans l'enquête. L'occasion pour elle de retrouver de vieilles connaissances, de renouer des liens, et révéler douloureusement au passage quelques secrets de famille.
Si l'auteur a choisi la forme du roman polyphonique, c'est moins par artifice narratif que par souci de laisser plusieurs points de vue s'exprimer : celui de ses filles, de sa veuve, de son voisin et rival, d'un sans papier, de deux policiers, d'un vétéran de la guerre d'Irak et de la policière noire américaine chargée de l'enquête. Tour à tour, chacun d'eux apporte des informations sur l'affaire et nous dévoile l'impact qu'elle a eu sur eux. La petite ville devient le théâtre de tensions larvées jusques là. Un roman sur l'immigration contemporaine et l'identité, aussi captivant que profond.
Un très grand amour, et une immersion dans l'histoire récente de l'archipel des Chagos.
Rivage de la colère, de Caroline Laurent, raconte l'histoire d'un amour qui surgit puis s'installe entre Marie, native de l'île de Diego Garcia et Gabriel, un Mauricien qui travaille au service de l'administrateur local.
A l'époque de leur rencontre, les Chagos font encore partie de la colonie britannique de Maurice. Peu après et en même temps qu'il accorde à Maurice son indépendance, le gouvermement britannique négocie pour des raisons stratégiques le détachement des Chagos. S'ensuit la déportation des populations autochtones. Les conséquences de cette déportation pour Marie, Gabriel, la famille et le couple qu'ils forment sont le sujet principal du roman.
Basé sur des faits historiques, ce roman rend compte de manière remarquable de l'injustice et de la tragédie subie par les protagonistes ; il évoque tout aussi remarquablement la beauté de l'île, du mode de vie de ses habitants. Bien sûr la violence - sociale, militaire et politique - dévaste tout... Mais pas complètement puisqu'au final quelque chose subsiste de l'histoire d'amour et de ses conséquences.
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