Les absurdités d'un dictateur

 

dictateurC'est un enfant petit, étriqué et qui, en grandissant, va devenir un homme de pouvoir qui va interdire les cercles, les triangles et les rectangles car il ne veut voir que des carrés. Pour s'imposer, il fera la guerre en s'alliant aux dictatures voisines.

Le décor est planté ! Ximo Abadia veut expliquer aux enfants ce qu'est une dictature et on peut dire que le pari est réussi.
Il faut dire que l'auteur est natif d'Espagne, pays qui a subi pendant 40 ans la dictature du général Franco. Ximo Abadia a dit "Je voulais faire une satire du personnage et surtout un album pour les enfants." Son vœu étant que les jeunes générations ne puissent pas grandir sans connaître leur passé.

Mais cet album ne s'adresse pas uniquement aux enfants espagnols, son message est universel. Il ouvre le dialogue sur des notions comme la liberté, la tolérance.

C'est fait avec intelligence et subtilité et "Le dictateur" a pleinement sa place dans les rayons des bibliothèques.

Peut-on parler de tout avec les enfants ? Ouiii !

L'une chante, l'autre pas

Durant cinq ans, le réalisateur Sébastien Lifshitz a filmé le quotidien de deux «Adolescentes» et nous livre une belle chronique sur l’amitié à l’épreuve du temps.

 

Après Leadolescentesjpgs invisibles , l’histoire d' homosexuels dans l’entre-deux guerres, Bambi le témoignage d'une des premières transgenres françaises et tout récemment Petite fille diffusé sur Arte, il suit, dans son nouveau documentaire, deux adolescentes, Emma et Anaïs, habitantes de Brive-la-Gaillarde, que tout oppose.

Emma, la brune rêveuse, indolente, Anaïs, la blonde, extravertie, optimiste sont meilleures amies depuis la 6ème. Bien que d’origines sociales très différentes (milieu aisé et milieu prolétaire) elles aiment à se retrouver au plan d’eau pour discuter de leur rêves, leurs aspirations, leurs craintes quant à leur avenir sentimental et professionnel.

Le réalisateur les filme également chacune dans leur cadre scolaire, familial, ou amical. Nous sommes témoins de leur disputes récurrentes avec leurs parents, de leurs moments de tendresse et de leurs réactions quand l’actualité fait irruption dans leur vie (attentats de Paris, élections présidentielles). Sans voyeurisme, avec beaucoup de discrétion, Sébastien Lifshitz arrive à entrer au cœur de l’intime de ces jeunes filles représentatives de la France actuelle. Comme lui on s’attache à ces deux ados et comme lui on aimerait savoir ce qu’elles vont devenir plus tard.

Un prix Louis Delluc bien mérité !

 

 

Le repenti

 

 

le traîtreDans son dernier film, le traître le réalisateur italien Marco Bellocchio dénonce à nouveau les travers de son pays et dresse le portrait d’un parrain repenti Tommaso Buscetta.

1986 : alors que la guerre fait rage au sein de la Cosa Nostra, Tommaso Buscetta, de crainte de représailles pour sa famille, fuit au Brésil. Arrêté par la police et extradé, il décide de collaborer avec la justice et de rencontrer le Juge Falcone. Il devient alors le traître, celui qui, en brisant l’Omerta, va permettre de démanteler la mafia qui infuse toute la société italienne jusqu’à ses plus hauts représentants politiques.

Des années de plomb jusqu’au maxi-procès de Palerme, on suit la trajectoire du repenti et son cheminement interne. Si la scène d'ouverture décrit une réunion de famille digne du Parrain de Coppola, le ton du film change par la suite. Loin des règlements de compte à coups d’assassinats le réalisateur privilégie les joutes verbales, jouant sur la force des mots. A ce propos, la scène des échanges entre Buscetta et Falcone est criante de vérité. Le héros passe de la figure mythique du gangster à celle un homme de principes. Un film social, politique et une réussite !

L’union fait la force.

La révolte de Valtis met en scène une jeune héroïne qui, par amour, passe de la résignation à la rébellion contre les oppresseurs qui ont envahi sa planète.
Sharon Shinn et Moly Knox Ostertag signent une série de science-fiction accrocheuse, au scénario et au dessin agréables, pour les pré-ados et ados.

Depuis que les Drix ont envahi la planète de Coline, la vie est un enfer. Ils ont réduit le peuple en esclavage pour exploiter des mines contenant un produit essentiel pour leurs vaisseaux et la suite de leurs conquêtes. Obligée de travailler dans une usine de tri du minerai, Coline, une jeune orpheline, fait la connaissance de Tim, qui s’avère être un Valtis, un combattant de l’ombre qui lutte contre l’occupation des Drix. Malgré les risques, la jeune femme décide alors de s’engager dans la résistance.

Sharon Shinn a déjà publié de nombreux romans et fait là sa première incursion dans le monde de la BD. Ce parcours initiatique en temps de guerre où une jeune héroïne courageuse décide de prendre son destin en main, est prenant du début à la fin, avec juste ce qu’il faut d’action, de rebondissements, de dangers et d’émotions. Il est porté par des personnages attachants et un dessin agréable, aussi simple qu’efficace. On suit la lutte pour la survie et la découverte amoureuse de l'héroïne avec intérêt.
Une histoire de résistance pleine d’humanité mettant en valeur entraide et courage.

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Maladie orpheline.

Par le biais d’une fiction, Journal d’un enfant de lune, Joris Chamblain, le scénariste de l’excellente série Les Carnets de Cerise, et Anne-Lise Nalin nous font découvrir le calvaire des enfants atteints du syndrome XP, une maladie de la peau qui les empêche de vivre à la lumière du jour.

Morgane, une jeune ado un peu rebelle, vient d’emménager dans une nouvelle maison avec sa famille. Derrière un radiateur, elle découvre le journal intime de Maxime, ancien locataire de la chambre. Au fil de sa lecture, elle découvre un ado romantique atteint d’une maladie génétique orpheline, le Xeroderma Pigmentosum, qui l’empêche de sortir le jour sans une lourde protection contre le soleil, sous peine de développer des cancers de la peau. Elle y découvre sa souffrance, surtout celle de ne pas pouvoir vivre comme les autres enfants, sa colère, ses espoirs… Elle se prend d’amitié pour le jeune homme, en devient même amoureuse et décide de le retrouver …

Cette bande dessinée permet de nous sensibiliser à cette maladie rare, aux difficultés de vie de ces jeunes, sentiment d’isolement et problèmes d’intégration, et des proches, car rien n’est vraiment prévu pour y faire face. Mais c’est aussi l’histoire de la quête de Morgane pour retrouver cet inconnu, quête qui la fera mûrir d’un coup. 

Un récit juste et délicat, auquel Anne-Lise Nalin apporte de la douceur. Ses couleurs, tantôt chaudes, tantôt froides, retranscrivent au mieux les ambiances et les sentiments des personnages. 
Une partie des bénéfices de vente de l’album est reversée à l’association « Enfants de la lune » qui aide les familles à apprivoiser les multiples bouleversements engendrés par cette maladie et qui finance en partie la recherche.

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