Une révolution manquée ou les rêves bafoués du peuple égyptien.

En suivant le destin de plusieurs personnages épris de justice et de liberté dans une société corrompue et soumise à une dictature impitoyable, Alaa El Aswany évoque la révolution avortée de 2011. 
Interdit de publication en Égypte, J’ai couru vers le Nil, est un roman choral dur, beau et nécessaire.

Le Caire, 2011, sur la place Tahrir, des jeunes se révoltent contre la corruption, l’injustice et l’autorité arbitraire qui règnent en Égypte. El Aswany retrace ces quelques jours qui ébranlèrent son pays à travers plusieurs personnages, hauts en couleur, de convictions et de conditions sociales différentes, qui vont être mêlés aux événements et dont les destins vont se croiser. Sous nos yeux, ils s’aiment, se battent courageusement, rêvent à un avenir nouveau. Puis c’est le temps de la terrible répression, de l'échec, avec le retour au pouvoir des militaires grâce à l’aide des Frères musulmans, des désillusions et du discrédit par les médias qui ont manipulé et trompé l’opinion publique à coup de désinformation.

 El Aswany dresse un portrait sans concession de cette révolution et de la société. C'est une véritable plongée où il ne nous épargne rien. Les témoignages des victimes sont éprouvants mais heureusement entrecoupés de scènes d'amour touchantes. Il nous fais sentir l'oppression, l'hypocrisie, l'obscurantisme, les dérives d'une religion sans morale, la corruption immuable...

Contrairement au ton nostalgique et humoristique de L'immeuble Yacoubian, le ton est plus sarcastique et plein de rage. El Aswany est un grand raconteur d'histoire qui possède une grande puissance d'évocation. Son roman qui a reçu le Prix Transfuge du meilleur roman arabe 2018, est plein de vie, émouvant, et nous quittons avec tristesse ses personnages. Ils continuent à nous hanter, une fois le livre refermé.

 
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