Une année particulière
Pour son huitième long-métrage Roma le réalisateur Alfonso Cuaron puise dans sa mémoire, pour convoquer, avec le personnage de la jeune indienne Cléo, le souvenir de Liboria Rodriguez, sa nourrice lorsqu'il était enfant.
Plongée dans le décor reconstitué de la Roma, un quartier chic de Mexico dans les années 1970.
Une fois passées les portes d’une belle villa, on découvre une famille bourgeoise constituée d’un couple Sofia et Antonio, leurs quatre enfants et Teresa la grand-mère. Et puis il y a les muchachas, qui vivent sous les toits. La caméra suit l'une d'elle, Cléo, une jeune indienne dans son quotidien : cuisine, ménage, marché. Elle bosse dure Cléo et pourtant, aperçoit parfois un peu de ciel en reflet sur le sol maculé qu'elle lessive. Elle prend à cœur son travail de nounou et entretient des rapport privilégiés avec les enfants de la maison. Sa vie personnelle se cantonne à aller au cinéma et à fréquenter son petit ami. Dès qu’elle lui annonce être enceinte, ce dernier fuit. En parallèle, son employeur abandonne femme et enfants. Dès lors, à l’intérieur de ce cocon réconfortant, chacune des femme va prendre soin de l’autre alors qu’à l’extérieur des évènements tragiques font surface.
Filmé en longs plans séquences dans un noir et blanc poétique et nostalgique d’un monde révolu, le film répond au questionnement du réalisateur : qui était vraiment Cléo ? A quoi rêvait-elle ? Ce récit intime, Lion d’Or à la Mostra de Venise, met en lumière une invisible et nous touche en plein cœur.