Une délicieuse vieille dame indigne.

Un nouveau portrait de femme, une septuagénaire londonienne ancienne marchande d’art acariâtre, misanthrope et passablement escroc, mêlée malgré elle à une sordide affaire de meurtre.
Dans la veine des exquis Tamara Drew et Gemma Bovary, l'auteure britannique Posy Simmonds s’inspire très librement d’un conte de Noël de Charles Dickens, pour épingler, dans son nouveau roman graphique, Cassandra Darke, les fractures de la société britannique. On déguste avec plaisir cette satire sociale déguisée en polar, à l'humour acidulé so british.

Vieille fille dans l’âme sans scrupules, plus attachée à son chien qu'à quiconque et d’une mauvaise foi consternante, Cassandra jouit d’une belle maison dans les quartiers chics de Chelsea et d’une fortune confortable, grâce à ses arrangements avec la loi. Arrangements qu’elle a accumulés dans la galerie d’art de son ex-mari qui a épousé sa sœur, une femme bienveillante jusqu’à l’écœurement. Mise en cause par la veuve d'un sculpteur dont elle a édité et vendu des copies non autorisées des œuvres, elle est rattrapée par la justice, échappe à la prison ferme, mais pas à une lourde amende. Elle perd toute crédibilité, se retrouve mise au ban de la high society, et va peu à peu se couper du monde jusqu’à l’arrivée de sa jeune nièce Nicki qu’elle remise dans le sous-sol de sa maison.

Posy Simonds dépeint avec beaucoup de finesse, de tendresse même, son héroïne. Malgré un trait dur et acerbe, mais jamais méchant, elle parvient à la rendre délicieusement sympathique. Associant les techniques du roman à celles de la bande dessinée, elle tricote une intrigue bien ficelée portée par son dessin inimitable plein de justesse et par son humour mordant. Elle en profite pour réaliser une peinture acerbe de la société anglaise, égratignant le milieu d’art contemporain, les galeristes, les collectionneurs et les travers des gens en général.

Une chronique sociale très plaisante et un personnage inoubliable que vous allez adorer détester !

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